• Souvenir de vacances, il y a une bonne dizaine d’années.

     

    Petit matin au camping. Il pleut. Je fais passer le fil électrique par la fenêtre et me fais chauffer mon petit déjeuner dans le camion. Je suis tout de même très à l'étroit, c’est un utilitaire tout simple. Puis, la pluie ayant cessé, je vais au Cahors Blues. Le lendemain, j'ai besoin d'aller faire quelques courses mais, au bout de vingt kilomètres, le camion se met à faire un bruit affreux. Je m'inquiète à juste titre. J’attends 14 heures pour aller au garage Ford que j’aperçois et qui ouvre à cette heure-là. Le patron va rouler avec le camion pour voir ce qu’il a, je saute rapidement derrière, je m'assois sur la moquette. Quand il revient, il me dit qu’il ne peut rien pour moi car il est débordé. Je comprends que si ça n’avait pas été grand-chose il aurait pu le faire. Il m'explique que c’est le pont qui a du jeu, qui perd de l’huile et que c’est grave. Il me dit d’aller voir d’autres garages. L’un d’eux a accepté de s'en occuper. Oui, c'est sérieux et ce patron compatissant me conduit à l'hôtel car la réparation va prendre plusieurs jours.

     

     Je me retrouve donc "naufragée de la route" dans un hôtel. C'est paradisiaque. Je regarde tout avec un regard d’enfant, je m’émerveille et goûte ce moment de bonheur.

     

     Chambre 207, je monte au deuxième étage comme le premier chiffre l'indique. Cela me rappelle le Foyer, mon Foyer bien aimé. L'émotion me serre la gorge. J'ai connu plusieurs établissements de "Protection de la Jeune Fille" et surtout ce Foyer pour Jeunes Travailleuses à Paris. J'y suis restée trois ans parce qu'on ne pouvait pas y séjourner plus longtemps, sinon, je l'aurais fait !  J'avais dix-neuf ans et n'étais pas majeure car, à cette époque-là, il fallait attendre vingt et un ans. C'était un petit paradis : j'avais une chambre pour moi seule avec tout ce qu'il faut dedans : lit, table, chaise, armoire, lavabo, bidet, armoirette et eau chaude ! Fantastique ! Au petit déjeuner, le café ressemblait plus à de l'eau colorée et le pain était rassis mais qu'importe ! Dans la fraîcheur du matin, devant l'immense baie vitrée du réfectoire et avant de prendre le métro pour aller travailler, ce café fade et ce pain sec rassis me disaient que le paradis peut être merveilleux sans pour autant être goûteux. Je ne pourrais jamais oublier ces petits matins blêmes dans un Paris calme, gris, affairé. Devant la baie vitrée, sur la pelouse, était un grand saule pleureur. Je me demande s'il pleure encore sur ce gazon bien tondu. Une copine m'avait dit un jour en le regardant : "je ne crois pas que les humains ni les animaux aient une âme mais les arbres, oui vraiment, je crois qu'ils ont une âme"... Je me suis mariée là, dans ce Foyer enchanteur, près de ce saule pleureur.

     


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  • Etait-ce vraiment mieux autrefois ? Personnellement, je ne trouve pas. Le patriarche régnait en maître, maintenant tout le monde sous sa contrainte. La soumission était de règle, même pour les choses les plus stupides. Aucun arrangement n'était possible. Je parle de mon grand-père. Je passais absolument toutes mes vacances scolaires chez mes grands-parents.
    Parfois, j'entends des gens me dire : « J'aime beaucoup les années 50 » et je leur réponds « mais vous n'étiez pas nés, vous ne pouvez pas savoir ! ». Comme ils aiment les films des années 50, ils imaginent que ces films retracent la vie de tous les jours. Même si ces films étaient représentatifs de la vie de l'époque, le vivre par procuration pendant une heure et demi, confortablement installé dans son fauteuil, est une chose, le subir jour après jour en est une autre.
    Ma grand-mère était une femme adorable. Mais, quels étaient ses loisirs ? Je ne l'ai jamais vue aller en vacances. Quels étaient ses petits bonheurs ? Son mari – mon grand-père donc – était tyrannique. Elle s'était mariée très jeune, à peine sortie de l'adolescence. Quels étaient ses joies et ses bonheurs ? Cette femme qui vivait sous la coupe de son mari, subissant ses sarcasmes jour après jour.
    « Nous vivons dans un monde individualiste » me disent certains, et, je réponds « mais tant mieux, c'est vraiment bien ». Il y a des avantages et des inconvénients à tout, bien entendu, rien n'est parfait. La liberté a un prix, un prix très élevé, mais n'est-ce pas une sensation merveilleuse ? Une réalité exaltante ! Se tenir debout sur cette terre et pouvoir dire : « je suis » ! Je ne suis pas l'ombre de quelqu'un, je suis moi, je suis libre, je suis libre d'être moi.
    Pour en revenir aux années 50, et à cette liberté qui n'existait pas, le patriarche faisait vivre l'enfer à toute sa tribu. Il n'avait pas hésité, quelques années auparavant, à gifler sa fille de 24 ans (ma mère) parce qu'elle n'avait pas les mêmes opinions politiques que lui !
    Ah ! Il ne faisait pas bon dire ou penser différemment du chef de famille dans ce temps-là !
    Si le père, le grand-père, l’oncle, voulait écouter la radio, tout le monde écoutait la radio, mais si un des membres voulait écouter de la musique et que ce n'était pas du goût du patriarche, c'était le drame. Non seulement l'ado qui réclamait juste cinq minutes de musique se le voyait refuser sèchement mais se trouvait traité avec beaucoup de mépris à l'aide d'un grand renfort de phrases rabaissantes et mordantes et de regards blessants.
    Il y avait, certes, de bonnes choses dans les années 50, mais je n’aimerais pas y retourner…

     


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  • Les pierres du marché samedi dernier

    Bon jeudi


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